Arrivée normande en terres d'Olonne

[Sur les routes...]

Il ne pouvait quitter son regard d'elle... Ses cheveux virevoltant au grès d'une brise légère, son visage doux, ses yeux fixant le lointain, volontaires et perçants, sa bouche où s'épanouissait un léger sourire...
Ce voyage était une aubaine... Il allait revoir des personnes chères à son coeur, et pouvait enfin profiter de son ange, après tant de jours passés loin l'un de l'autre... Il ne pouvait empêcher la culpabilité d'envahir son coeur chaque fois que ses yeux croisaient les siens... C'est lui qui était parti, lui qui avait accepté tous ces postes, lui qui avait fait le choix de prendre la route... Et pourtant elle restait la même, souriante, aimante, cachant pourtant sa peine de le savoir si loin il le savait...

Le voyage avait été fabuleux. Des retrouvailles pleines de tendresse et d'amour, l'étreinte des nuits passées ensemble faisant encore vibrer sa peau. Le paysage défilait, mais les ailes qui le portaient lui ôtaient toute fatigue. Même Wakhan avançait sans rechigner, lui qui pourtant était le premier à traîner le sabot à la moindre occasion.
Ils chevauchaient côte à côte, Kate ayant refusé de faire le voyage dans un chariot, préférant monter en croupe, fougueuse et sauvage... Pas faute d'avoir insisté pourtant...

[Arrivée en Poitou...]

L'arrivée en Poitou avait sonné le glas de la fin du voyage. Enfin maintenant il fallait que Mel fasse l'effort de se souvenir du trajet jusqu'à la Vicomté d'Olonne... Et ce n'était pas une mince affaire... Mais des badauds avaient pu leur indiquer le chemin, et c'est donc avec assurance qu'ils se dirigeaient tout deux vers Jehan et Leello.
Conscients de n'être plus très loin de leur destination, ils avaient pris quelques heures pour se poser ensemble sur les bords du Clain, lors de leur escale à Poitiers. Elle s'était blottie contre lui, et ils avaient savouré cet instant où leurs coeurs battirent à l'unisson, simplement, sans artifices...
Le soleil commençant à caresser l'horizon, ils avaient repris la route, cherchant une auberge où passer la nuit.
Le lendemain serait celui de la rencontre, ils se devaient d'être reposés...

[En terres d'Olonne...]

Ce qui n'était au départ qu'un point parmi les arbres grossissait à vue d'oeil, dévoilant l'architecture élancée d'un vaste château.
A n'en pas douter ils avaient devant leurs yeux la demeure de leurs hôtes... Il donna un léger coup de talon sur sa monture, et rejoignit au trot le pont-levis.

Bon... Si mes souvenirs sont bons nous voilà arrivés, dit-il à Kate, sourire aux lèvres.
Je te présente les terres de la Vicomté d'Olonne.

Il posa un doux baiser sur ses lèvres et lui chuchota...
Merci d'être à mes côtés...

Puis se retournant vers la herse.

Ola ! Il y a quelqu'un ?

Ce voyage était un enchantement. Le temps même semblait se mettre au diapason des souhaits de la jeune femme et était d’un bleu éclatant depuis leur départ.
De toute manière, elle n’avait cure ou presque du temps, des régions traversées, seule la présence de Mel comptait, leur plaisir d’être ensemble, sans contraintes, sans obligations.
Ce bonheur auréolait le visage de la jeune femme, et depuis son départ de Rouen, un léger sourire qu’elle n’aurait pu réprimer quand bien même elle l’aurait voulu étirait ses lèvres.
Ils méritaient ce bonheur, tout n’avait pas été évident. Elle s’en voulait toujours d’être passé à coté de beaucoup de choses durant sa longue absence, et rencontrer les amis de Mel lui permettrait de combler, elle l’espérait ses lacunes quant à ce qui avait été la vie de son aimé pendant son absence.
Au détour des chemins du Poitou, elle crû reconnaitre un village, une clairière mais se rabroua, son imagination devait lui jouer des tours, elle était certes passé dans cette région voici quelques temps, avant de reprendre la place qui était à la sienne, à Rouen, auprès de Mel, mais sa mémoire ne pouvait pas avoir retenu de tels détails.

Kathryn chassa ses considérations devant le sourire que lui offrait Meleagre, être séparés lui pesait même si elle ne voulait pas le laisser paraitre outre mesure. Il avait ses fonctions, et si la jeune femme devait le partager avec la Normandie elle l’acceptait car c’est ainsi qu’elle l’aimait, courageux, talentueux et dévoué à ce duché qu’ils aimaient tant.

Le voyage était passé trop vite à son gout, Kathryn profitant de chaque instant passé en sa compagnie, mais elle fût tout de même heureuse d’apercevoir à l’horizon le château d’Olonne.
Non pas qu’elle douta du sens de l’orientation de son cher et tendre, mais Kate était curieuse de faire enfin la connaissance de ces personnes dont on lui avait tant parlé, et à vrai dire, elle avait beau aimer monter à cheval, elle retrouverait avec plaisir la terre ferme.
Les derniers mètres et déjà les voilà à l’entrée du domaine que lui présentait Mel.

Merci d'être à mes côtés...
Kate lui rendit son baiser avant de répondre.
Quoi de plus normal, tu as toujours été aux miens. Je serais à tes cotés aussi longtemps que tu le souhaiteras.
Elle ajouta, les yeux rieurs : L’unique réponse acceptée pour cette phrase est « Pour toujours », tu es prévenu.

Puis, non sans un regard complice, elle imita son amour et attendit que leur arrivée se fasse connaitre.

Mel ne put s'empêcher de laisser échapper un léger rire.
Il regarda sa douce, le visage illuminé.

Et je ne voudrais en aucun cas te donner une autre réponse...

Il rapprocha Wakhan de la monture de Kate. Sa main se posa sur celle qu'elle avait posée sur sa cuisse.
Il leva les yeux lorsqu'un homme les appela du haut de son échauguette.

Bien le bonjour Messire ! Héla-t-il à son tour, la politesse étant toujours de mise en n'importe quel instant.
Je suis Meleagre, accompagné de ma compagne Kathryn, normands venant en terres de votre Maîstre.
Ce dernier est au courant de notre venue.

Il scruta tant bien qu'il put l'endroit où devait se tenir l'homme.
Au moins la sécurité était de mise en ce lieu, une bonne chose. Mais les journées devaient être longues pour ce garde, pensa-t-il... Surtout par ce froid...

L'homme parut avoir eu vent de leur venue car le chemin leur fut ouvert.
Il sourit à Kate puis força Wakhan à avancer... Ce dernier n'était pas des plus rassurés sur ces planches laissant parfois entrevoir les douves qui s'étendaient en-dessous, mais il avança sans trop rechigner...

Une fois passé à l'endroit même où, quelques instants plus tôt, se tenait une robuste herse, le petit convoi fit halte.
Le jeune homme descendit du dos de sa monture, puis s'avança vers Kate pour l'aider à faire de même.
La prenant par les hanches, laissant ses douces mains se poser sur ses épaules, il la porta pour lui permettre de toucher terre. Il profita de ce petit instant pour lui voler un baiser, puis prit les brides des deux chevaux d'une main, l'autre dans celle de la jeune femme.

Tu n'es pas trop fatiguée ? N'hésites pas à me le dire...

Comme à son habitude il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter...

Il se tourna vers l'homme qui venait d'apparaître, sortant tout juste d'une petite porte qui débouchait sous le porche.

Je vous remercie pour cette attention Messire, dit-il au garde avec un sourire.
Pouvons-nous laisser nos montures quelque part ? Je crois qu'après un tel voyage un repos bien mérité ne peut que les attendre...

Alors que l’on requérait leur identité et le motif de leur présence, Kathryn laissa son compagnon répondre. Après tout, il connaissait les lieux et ses occupants, ce qui n’était pas son cas pour l’instant.
On ne les fit pas attendre longtemps, ce dont la jeune femme fut reconnaissante, maintenant que leurs montures étaient à l’arrêt, elle commençait à être saisie par le vent. Elle n’eut que le temps de resserrer les pans de sa cape avant de voir l’accès au château s’ouvrir à eux. D’un mouvement du talon, elle enjoignit son cheval à suivre Wakhan, et pénétra dans la cours intérieure.
Mel se précipita pour l’aider à descendre. Cette hâte fit sourire la blonde jeune femme, aucun de deux ne semblait pleinement réaliser que l’autre n’allait pas soudain être appelé je ne sais-où, qu’ils pouvaient profiter pleinement et sereinement du fait d’être ensemble pendant quelques jours.
Ses doigts liés à ceux de Mel, elle répondit à son interrogation, se demandant si elle paraissait vraiment fatiguée ou si son tendre était juste très prévenant. Elle opta pour la seconde option.

Fatiguée…non, juste un peu lasse. Mais cela va passer, ne t’en fais pas.
Comme pour l’en convaincre, elle lui sourit, rayonnante.

Le garde arrivait maintenant, et Kathryn le salua d’un signe de tête, elle approuva la requête de son compagnon.
Oui, ils méritent qu’on prenne soin d’eux, dit-t-elle en flattant l’encolure des chevaux, ce sont de bonnes bêtes.